Un aperçu de l'épopée arthurienne dans l'œuvre de K. Don Rosa: historicité?

J'ai de forts bons amis sur le forum Picsouman. Hélas, je ne suis pas toujours en mesure de les abreuver de ma salvatrice et néanmoins populaire Ottakringer de science, puisque mes élèves viennois en profitent avant les autres, huh.
Mais dès que je trouve un peu de temps entre une saucisse grillée au plutonium et une nouvelle avancée cruciale de la médecine, je leur rédige un petit article à se mettre sous la dent.
Warum, me suis-je dit, pourquoi ne pas en faire profiter également les majordomes, les boulangers et les ouvreuses de cinéma qui vont, peut-être, surfer par millions sur mon nouveau blogue?   
So, je vous les transmettrai au fur et à mesure. Voici le premier de la série.

De : Ludwig Von Drake (xxxxxxxx@hotmail.com)
Envoyé : mardi 30 juin 2009 21:09:22
À : xxxxxxxxxx@hotmail.fr

« Un aperçu de l'épopée arthurienne dans l'œuvre de K. Don Rosa: historicité? »
Par le Pr. Ludwig Von Drake M.D. D.Ph. D.Litt.

On a beaucoup disserté -et on le fait d'ailleurs toujours- sur l'historicité douteuse du roi Arthur.
La première utilité publique est d'ôter de l'esprit des gens cette vision du bas Moyen Âge (entre 1000 et 1500) qui s'impose à l'imagination populaire quand on parle du monde arthurien.
En effet, les premiers récits semblent dater ou se rapporter à des fonds historiques de la fin de l'Antiquité, soit au siècle qui a directement suivi la prise de Rome par Odoacre en 476 PCN.
Arthur, s'il a existé, tiens donc plus du Romain tardif que du châtelain chez qui Jehanne la Pucelle n'aurait pas dépareillé!
L'inconscient collectif acquiert graduellement cette idée, notamment grâce à des tentatives plus ou moins bien réussies de restituer cette époque, comme le film de 2004 intitulé « le Roi Arthur » (extrêmement critiquable sous bien des rapports).
Pour établir notre article sur de meilleurs bases, il faut donc retenir le contexte suivant:
L’Empire  de Rome, autrefois si puissant, sombre  depuis longtemps déjà dans la déliquescence. Les barbares, poussés hors de leur frontières, sont aux portes des provinces  impériales.
L’administration romaine a récemment abandonné les blancs rivages de Britannia, qui tombe progressivement entre les mains de guerriers païens venus du Nord.
C’est une époque de guerriers, d’usurpateurs du trône  impérial, de moines érudits, et où l’esprit des anciens dieux vit encore  au fond des lacs et des cavernes. C’est en ce temps-là que notre histoire  prend racines.

Venons-en maintenant à l'historicité même du personnage. Il existe, il semble, pas moins de 15 hypothèses différentes, que nous n'aborderons bien entendu pas toutes et ne ferons que survoler dans cet article.
Selon certains historiens, Arthur ne serait que l'incarnation littéraire complète d'une ancienne divinité, interprétation basée sur l'origine du nom (arth = ours) et sur des récits primitifs l'associant à l'Au-delà païen.
Selon d'autres, Arthur serait inspiré d'un ou plusieurs souverains historiques (des royaumes de Cambrie, d'York, du Powys et de Domnonée, pour ne citer qu'eux).

Nombre d'autres chercheurs, avec à leur tête Geoffrey Ashe, rapprochent Arthur de Riothamus, un roi briton qui aurait traversé la Manche pour combattre les Wisigoths en 448 dans la Vallée de la Loire. Il fut trahi par le préfet des Gaules et disparut en France en un lieu appelé Avallon (en Bourgogne). Riothamus n'apparait pas, en réalité, être un nom. Il s'agirait d'un titre celtique signifiant « grand roi » (avec l'élément rigo signifiant « roi »).

C'est cette dernière théorie que retint Keno Don Rosa dans son histoire « The Once and Future Duck » (publiée en français sous le nom « Fracture temporelle »). Le nombre de détails véridiques ou amusants ayant trait au Ve siècle occidental amuse l'oeil du spécialiste.
Ainsi par exemple, planche 18, case 6, c'est un [i]subligar[/i] tout ce qu'il y a de plus commun que Merlin porte en guise de caleçon (ce fut pendant longtemps la seule « tenue » du gladiateur en plus d'un sous-vêtement commun). On remarque que certains militaires non casqués portent le bonnet, ce qui est conforme à l'usage dans l'armée romaine tardive, et les symboles chrétiens (croix) et païens (dragon celtique) se côtoient dans l'armement.

On remerciera donc Don Rosa d'avoir renoncé au syndrome XVe siècle, tout en notant quand même qu'il a sacrifié sur l'autel du comique la gloire de Riothamus: s'il n'était pas un roi bas-médiéval de film hollywoodien, il n'était certainement pas non plus un chef de bande minable. En effet, comment un simple roitelet claque-patins aurait pu envoyer plus de dix mille hommes armés sur le continent à la rescousse de l'armée romaine, et entretenir une correspondance respectable avec l'évêque Sidionius, comme nous le prouvent les documents d'époque?

P.S.: si j'étais en recherche d'informations sérieuses sur le temps du présumé Arthur historique, voilà quelques adresses où j'irais chercher:

*Snyder C., à la recherche du Roi Arthur. Mythes et réalités de la légende arthurienne, Éditions Le Pré aux Clercs, Paris, 2001

*Alexandra A. et Gilbert F., Légionnaires, auxiliaires et fédéres sous le Bas-Empire romain, Éditions Errance, Paris, 2009

*Guler K., Early Arthurian Britain, en ligne, disponible sur :  [url=http://www.suite101.com/lesson.cfm/17659/957/3]

*Vermaat R., Vortigern Studies, en ligne, disponible sur : [url=http://www.vortigernstudies.org.uk]

*Vermaat R., FECTIO, Dutch Late Roman reenactment society, en ligne, disponible sur: [url=http://www.fectio.org.uk/]
*Nennius, Historia Brittonum, trad. J. A. Giles, en ligne, disponible sur: [url=http://www.fordham.edu/halsall/basis/nennius-full.html]

*Ford, David Nash (2005) Early British Kingdoms - [url=http://www.earlybritishkingdoms.com] Wokingham: Nash Ford Publishing

*Collectif, Armes et Guerriers au Temps des Grandes Invasions, en ligne, disponible sur:
[url=http://schnucks0.free.fr/forum/index.php]